ROCHEGUDE

Jardin secret est une fresque à double lecture, conçue comme une invitation à la rêverie et à la réflexion sur les chemins de l’émancipation.
Au premier regard, l’œuvre évoque le passage de l’enfance vers l’âge adulte : deux jeunes personnages, assis sur un banc, contemplent un quai de gare où les trains symbolisent les possibles, les départs et les choix de vie. C’est le moment où chacun prend « le train de sa vie », quittant l’enfance pour aller vers ce qui sommeille dans son propre jardin secret : ses rêves, ses désirs et ses projections d’avenir.

En second plan, la lecture se fait plus initiatique et ancrée dans l’univers du graffiti. Les bombes de peinture déposées à leurs pieds deviennent les indices d’une autre quête : celle du jeune graffeur en herbe, partagé entre la fascination du geste et la conscience de la transgression. Le « jardin secret » devient alors celui des envies créatives, parfois clandestines, de ceux qui rêvent de peindre sur des supports mouvants – les trains, symboles de liberté autant que de limites à franchir. La question reste ouverte : s’élanceront-ils dans cet acte de création libre, ou resteront-ils spectateurs ?

Sur le plan pictural, Jardin secret puise son atmosphère dans les tons sépia, rappelant les vieilles photographies du début du XXᵉ siècle. Ce choix chromatique renforce la nostalgie du souvenir et le passage du temps. Le premier plan, foisonnant de fleurs, évoque la douceur d’un ancien motif de tapisserie, tandis que le traitement des ombres et des hachures emprunte à la fois à la gravure et aux premières bandes dessinées.
L’ensemble compose une scène suspendue entre mémoire et avenir, rêve et réalité — un hommage poétique à l’enfance, à la création, et aux chemins intérieurs que chacun porte en soi.